© CNRS Photothèque - Pierre Dubergé

Sébastien MannevilleLaboratoire CRPP

Médaille de bronze du CNRS

« Ma vocation est liée à mon histoire familiale.Avec un père chercheur et une mère enseignante, j’ai baigné très tôt dans une atmosphère de curiosité permanente. » Sébastien Manneville entre à l’École normale supérieure de Paris en 1992, passe son agrégation en sciences physiques, option physique,prépare une thèse de doctorat sur la caractérisation acoustique de tourbillons à l’École supérieure de physique et chimie industrielles de la ville de Paris,auprès du professeur Mathias Fink, puis effectue un stage post-doctoral en imagerie ultrasonore au Department of Aerospace and Mechanical Engineering(Boston University). Recruté au CNRS, en 2001, au Centre de recherche Paul-Pascal à Pessac, Sébastien Manneville passe son Habilitation à diriger des recherches en 2004. Son idée :« revisiter la littérature » sur certains fluides complexes soumis à un écoulement, une spécialité du laboratoire.

« Le défi à relever était d’effectuer des mesures locales de vitesse dans les expériences de rhéologie. »

La rhéologie, science de ce qui coule, vise à modéliser le comportement d’un milieu sous l’effet d’une déformation ou d’un écoulement, en mesurant sa viscosité grâce à un rhéomètre, un appareil qui cisaille le matériau entre deux parois. « Malheureusement,contrairement à un fluide simple comme l’eau, beaucoup de fluides complexes présentent une structure hétérogène ou glissent aux parois, ce qui fausse la mesure de la viscosité, par essence moyennée sur l’ensemble de l’échantillon. Ces fluides complexes sont des émulsions ou des gels fabriqués au laboratoire ou encore des mélanges que l’on rencontre dans la vie quotidienne : shampoings, lessives liquides, crèmes dessert... Le cisaillement peut modifier localement la structure du fluide et sa viscosité varie alors parfois d’un facteur 10 ou 100 d’un endroit à l’autre de l’échantillon ! »

La contribution majeure et profondément novatrice de Sébastien Manneville est d’avoir imaginé un dispositif de vélocimétrie par échographie ultra sonore inspiré de l’imagerie médicale. Monté autour d’un rhéomètre commercial, cet instrument permet de mesurer la vitesse d’un fluide cisaillé avec de très bonnes résolutions spatiale et temporelle.

À 32 ans, ce physicien expérimentateur de renommée internationale essaie de passer « autant de temps que possible dans la salle de manipulations ». Il assure la formation des personnes qui viennent tester leurs échantillons, sans oublier la direction de thèses et l’encadrement des étudiants. Il étudie actuellement la possibilité de développements industriels : « En ce qui concerne la commercialisation du vélocimètre ultrasonore, nous nous sommes donné un an pour intéresser un fabricant de rhéomètres ou pour envisager une création d’entreprise, éventuellement avec l’aide de la région Aquitaine. »