Une université d'été pour la Grande muraille verte du Sahel

L’Observatoire hommes-milieux international rassemble traditionnellement chaque année des chercheurs de tous horizons pour une université d’été à Widou Thiengoly, au Sénégal. Cette opportunité pour les experts d’échanger sur la lutte contre la désertification et les effets du changement climatique s’est tenue, pour la première fois, à La Rochelle.

Sur près de 8000 kilomètres et onze pays différents, la Grande muraille verte protège de la désertification et de l’épuisement des ressources au Sahel. Cet ambitieux programme de reboisement, démarré il y a quinze ans, fait l’objet de suivis scientifiques, notamment de la part de l’Observatoire hommes-milieux international Téssékéré qui assure des missions de formation et de recherche sur des thématiques comme l’adaptation de la biodiversité, animale et végétale et au changement climatique, la santé des populations ou leur utilisation des plantes.

« Nous tenons chaque année une université d’été en Afrique, mais, depuis trois ans, nous l’organisons en France. Après deux éditions à Poitiers, nous avons décidé d’organiser notre université d’été à La Rochelle, précise Gilles Boëtsch, directeur de recherche émérite au CNRS et directeur de l’OHMI. Cet évènement nous permet de faire le point sur de nombreuses questions liées à la Grande muraille verte : biodiversité, agriculture, l’accès à l’eau et à l’hygiène… » L’université d’été de l’OHMI s’est ainsi déroulée à La Rochelle du 18 au 20 septembre, avec le soutien de la région Nouvelle-Aquitaine, de l’Institut Balanitès, de La Rochelle Université, du CNRS, de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, de l’Espace Mendès France et la communauté d’Agglomération de la Rochelle, et en présence de Sacha Houlié, député de la 2ème circonscription de la Vienne.

Une belle occasion pour les chercheurs de l’OHMI de présenter leurs travaux et d’inviter d’autres acteurs et experts de la lutte contre les effets du changement climatique et de la désertification. « Cette université d’été est un grand moment de retrouvailles entre les chercheurs du nord et ceux du sud qui travaillent sur des thèmes prioritaires à travers le monde, comme l’écologie, la santé, l’environnement, mais aussi les changements climatiques qui n’épargnent aucun continent et aucune population, explique Lamine Gueye, professeur de médecine à l’UCAD et directeur du laboratoire international Environnement santé et société (IRL ESS). Cela permet aussi d’échanger avec les responsables des différents programmes, c’est essentiel. »

photo grande muraille verte
Mise en terre de plants d’arbres dans les parcelles de la Grande muraille verte au Sénégal. © Natalia MEDINA SERRANO / ESS / OHMi Téssékéré / CNRS Photothèque

Initialement pensée pour réunir la communauté scientifique, aujourd’hui, l’université d’été de la Grande Muraille Verte s’adresse plus largement à la société. « À travers ces rencontres, on donne de la chair et de la structure à la trajectoire impulsée depuis quelques mois, précise Didier Moreau, délégué général de l’Institut Balanitès. Mais nous souhaitions approfondir nos réflexions sur le plan médiatique et politique en proposant une programmation qui permet également aux citoyens de rencontrer les scientifiques ». Plusieurs actions de diffusion de la culture scientifique ont été organisées à cette occasion avec le Museum d’histoire naturel ou l’Aquarium de La Rochelle.

L’université d’été de l’OHMI, qui a accueilli Antoine Petit, PDG du CNRS lors de l’avant-dernière édition, a permis de discuter de coopération internationale entre l’Europe et l’Afrique. « L’IRL ESS et l’OHMI sont des contre-exemples de ce qui s’est longtemps fait, car les relations entre le CNRS et les universités africaines impliquées sont quotidiennes », insiste Priscilla Duboz.

« Le partenariat entre le CNRS et les différentes tutelles de l’IRL EES prouve qu’un cadre formel peut parfaitement contribuer au développement de la recherche et de l’enseignement, abonde Lamine Gueye. Nous avons ainsi formé sur place une trentaine de docteurs issus du Sénégal, du Mali et du Burkina Faso. Il est essentiel de donner des moyens et des compétences à l’Afrique afin qu’elle atteigne une masse critique de talents. »

Un constat partagé par Younis Hermès, délégué régional du CNRS pour la circonscription Aquitaine, qui souligne l’importance de cette université d’été. « Cette rencontre est une opportunité de renforcer et de mettre en place des synergies entre chercheurs, pour leur permettre de faire progresser la connaissance et l’innovation sur une thématique qui ne concernera pas uniquement les populations sahéliennes, mais l’ensemble de la planète. »