Deux scientifiques aquitains distingués par la médaille d'argent du CNRS en 2023
La médaille d'argent du CNRS distingue des chercheurs et des chercheuses pour l'originalité, la qualité et l'importance de leurs travaux reconnus sur le plan national et international. Cette année, deux scientifiques issus des laboratoires aquitains recevront cette récompense. Retour en portrait sur leur parcours.
Alexander Kuhn est professeur des universités à l’École nationale supérieure de matériaux, d’agroalimentaire et de chimie et membre de l’Institut des sciences moléculaires (CNRS/Bordeaux INP/Université de Bordeaux). Il conçoit notamment des systèmes (bio)électrochimiques aux propriétés nouvelles.
En jouant avec la synergie entre chimie, physique et un peu de biologie, Alexander Kuhn façonne depuis l’obtention de son doctorat, en 1994 au Centre de recherche Paul Pascal (CNRS/Université de Bordeaux), des systèmes électrochimiques aux propriétés surprenantes, voire inédites. Il a par exemple amélioré et étendu la synthèse d’objets Janus, dont la surface comporte au moins deux propriétés physico-chimiques différentes, qui ont ensuite servi à des applications allant de la chimie analytique à la catalyse, en passant par le déplacement contrôlé d’objets. Il a ainsi permis à des feuilles de polymères de se mouvoir, constituant des flotteurs capables de détecter la chiralité de molécules en solution. Alexander Kuhn a aussi développé la première surface métallique nanostructurée favorisant, jusqu’à 98 %, la production d’un énantiomère lors d’une synthèse organique. Ces résultats sont d’un grand intérêt par exemple pour l’industrie pharmaceutique, toujours en quête de nouvelles solutions pour discriminer des molécules chirales.
Julie Déchanet-Merville est directrice de recherche en immunologie et directrice du laboratoire Immunologie conceptuelle, expérimentale et translationnelle (CNRS/Université de Bordeaux).
Après son doctorat en immunologie, Julie Déchanet-Merville se focalise sur les réponses immunitaires impliquées dans le contrôle des infections par le cytomégalovirus survenant chez les patients immunodéprimés. Elle démontre l’importance du rôle joué par les lymphocytes T de type gamma-delta dans la lutte contre ce virus. Ses travaux s’attellent ensuite à mieux comprendre l’action de ces cellules lorsque notre corps combat des maladies infectieuses, un cancer ou suite à une transplantation. En ce sens, Julie Déchanet-Merville recherche, in vitro et in vivo, les mécanismes d’activation de ces cellules et notamment les antigènes activateurs exprimés sur les cellules malades qui pourraient servir à la création d’immunothérapies. En parallèle, la chercheuse contribue au déploiement de la seule unité de recherche en immunologie de Bordeaux, en interaction forte avec différents services hospitaliers. Elle coordonne également le réseau interdisciplinaire NEWMOON qui développe des modèles innovants pour mieux comprendre le cancer.