10 lauréats CNRS à l’appel ERC Consolidator 2021

Communiqué de presse Distinctions

Le Conseil européen de la recherche (ERC) annonce les lauréats des bourses Consolidator, qui soutiennent chaque année de nombreux projets de scientifiques en milieu de carrière.

Cette année, le Conseil européen de la recherche (ERC) financera 313 chercheurs et chercheuses en Europe à travers ses "ERC Consolidator grants", pour un montant total de 632 millions d'euros tirés du programme cadre Horizon Europe.

Ces bourses, qui soutiennent le meilleur de la recherche exploratoire dans trois grands domaines – sciences humaines et sociales, physique et ingénierie et sciences de la vie – récompensent des porteurs de projets en Europe ayant obtenu leurs doctorats 7 à 12 ans auparavant. Les bourses "consolidators" (jusqu’à 2,75 millions d’euros) se situent entre les bourses "starting" (jusqu’à 2 millions d’euros) – 2 à 7 ans après le doctorat – et "advanced" (jusqu’à 3,5 millions d’euros) qui visent les chercheurs confirmés. Elles sont attribuées une fois par an pour une durée de 5 ans à des scientifiques issus de tous les pays du monde, mais devant accomplir leurs travaux de recherche dans un pays européen ou associé.

« Même en temps de crise, de conflit et de souffrance, il est de notre devoir de maintenir la science sur la bonne voie et de laisser libre cours à nos esprits les plus brillants pour explorer leurs idées », soulignait Maria Leptin, présidente de l’ERC dans un communiqué de presse publié pour l’occasion, ajoutant : « Nous ne savons pas comment leurs travaux pourront révolutionner nos lendemains, mais nous savons qu'ils ouvriront de nouveaux horizons, satisferont notre curiosité et nous aideront très probablement à nous préparer aux futurs défis imprévisibles. »

Cette année, 33,5 % des bourses ont été accordées à des femmes chercheuses. Au total, 12 % des 2652 projets proposés en 2021 ont été financés. Les lauréats réaliseront leurs projets dans des universités, des centres de recherche et des entreprises des 24 pays européens, notamment l'Allemagne (61 subventions), le Royaume-Uni (41), et la France (29).

Focus sur la délégation Aquitaine du CNRS

Thomas Salez, lauréat CNRS de la délégation Aquitaine

Laboratoire Ondes et Matière d’Aquitaine (LOMA / CNRSuniversité de Bordeaux)

Titre du projet : Mouvement brownien au voisinage d'interfaces déformables. (EMetBrown)

Le mouvement brownien est un paradigme central de la science moderne. Il a des implications en physique fondamentale, en biologie et même en finance (ex : la fluctuation des cours de la bourse), pour n'en nommer que quelques-unes. En comprenant que le mouvement erratique apparent des colloïdes est une conséquence directe du mouvement thermique des molécules du fluide environnant, des pionniers comme Albert Einstein et Jean Perrin ont fourni des preuves décisives de l'existence des atomes.

À une époque de miniaturisation et de science des surfaces, il est pertinent de reconsidérer ce problème canonique de la physique en y ajoutant des frontières. En effet, le mouvement brownien aux interfaces et en confinement est une situation pratique très répandue en microbiologie et en nanofluidique : il suffit par exemple de songer au mouvement d’une protéine aux abords d’une membrane cellulaire. Dans un tel cas, les effets de surface pourraient devenir dominants et modifier drastiquement les trajectoires browniennes classiques, et donc toute la machinerie de la vie !

En combinant plusieurs méthodes de pointe, le projet EMetBrown propose pour la première fois de mesurer expérimentalement et de modéliser théoriquement le mouvement brownien de micro- et nanoparticules libres de se mouvoir, piégées ou attachées, au voisinage d’interfaces déformables. En variant les solides élastiques et les liquides employés, et en ajoutant progressivement de la complexité au système, le projet vise : i) à révéler et caractériser l’effet fondamental sous-jacent, à savoir la modification drastique des trajectoires aléatoires en raison des déformations interfaciales induites par le mouvement lui-même ; ii) à explorer les implications potentielles de ce nouvel effet pour des applications aussi variées que l’auto-assemblage de surfaces texturées, la chimie en confinement, la mesure rhéologique sans contact et non-invasive de matériaux fragiles/vivants, ou encore la motilité d’entités biologiques, par exemple.

Contact

Presse CNRS l Laurence Chevillot l T +33 6 13 54 87 86 l laurence.chevillot@cnrs.fr